Avancer… A hauteur d'utopies, à la hauteur de nos vies.

Ce texte trempe sa plume dans ma vie, ce que j’ai appris ces dernières années, dans cette époque qui nous paraît de plus en plus tragique, dans un monde à deux doigts de s’élever, pour être à la hauteur des urgences, qui est aussi la hauteur de nos vies. C’est de cela dont je vais vous parler, de la hauteur de nos vies, et donc d’utopies.

Texte de Sandrine Roudaut

La question de l’utopie m’obsède, depuis que je suis petite.

On pourrait penser que c’est une question accessoire, un luxe, pourtant c’est une question qui peut vous maintenir en vie, vous permettre de reprendre pied, vous déployer.

Nos utopies sont peut-être ce que nous avons de plus intime et de plus puissant.

Elles nous lient à l’humanité, celle d’hier, celle de demain, elles nous lient entre nous, elles sont notre grandeur d’âme. Alors si vous les mettez sous le tapis, elles vont venir vous chercher.

Nos utopies refoulées

Nos utopies refoulées s’expriment dans nos indignations, dans nos élans. Soudain une vibration plus grande que nous, venue du plus intime, nous dépasse et nous embarque.

Nos utopies refoulées se rappellent à nous à chaque résignation ou petite complaisance.

Elles ne sont pas étrangères à nos abattements, nos burn out, nos burn’âmes comme les appelle jeanne Henin.

On peut mourir à petit feu de l’absence d’utopie, du manque d’horizon commun et de sens à nos vies. Un mal être ou une absence d’être dont on ne sait pas situer l’origine.

Burn'âme
Issu de Les mots qu'il nous faut de Jeanne Henin

A bien y regarder, notre société présente tous les symptômes d’une dépression collective.

Nous sommes comme tétanisées face à ce qui nous est infligé.

Les forêts primaires rasées, notre poumon décimé pour de la pâte à tartiner ; des gamins de 8 ans envoyés dans les mines du Congo pour fabriquer nos joujous numériques ; toujours plus de pollution pour qu’une vidéo de chat se charge plus vite ; 9 Antillais et Antillaises sur 10 empoisonné·es au chloredéquone  ; 6 ans de vie en moins pour un ouvrier. Et aussi 1 femme sur 3 ayant subi des violences sexuelles, et en moyenne dans chaque classe de CM2 française 3 enfants victimes d’inceste …

Pour un seul de ces chiffres, un seul de ces faits, on devrait tout arrêter, direct. Mais non... la vie continue. Insensée

Tout cela est trop dur. Notre cerveau nous protège.
Notre apathie est en fait une sidération générale, voire une dissociation : « pas bouger ça va passer ».
Telles des victimes de violences sous syndrome de Stockolm : on se met du côté de l’agresseur pour inconsciemment espérer s’en sortir.

Et puis nous nous sentons impuissant·es face à ce que l’ on nous présente comme des fatalités. La faute à personne, nous serions dans une machine incontrôlable. Comme s’il n’y avait pas de choix derrière ces chiffres. Pas de décisions.
Pourtant nous avons appuyé sur le bouton off il n’y a pas si longtemps, le commerce fut arrêté, des avions cloués au sol, Immédiatement la pollution a baissé, la pression sur les matières premières aussi. Il existe donc bien des interrupteurs et des marges de manoeuvre.

Utopiste debout

Mais si l’époque est dure, elle est également stimulante !

Une fois de plus, l’Histoire nous convoque. Elle nous invite à prendre notre place, à grandir.
Elle nous met face à un choix magistral:
subir et tomber dans la grande dépression ou rejoindre le camp de l’utopie.

Moi, la vie m’a véritablement convoquée il y a 24 ans, alors que je portais ma première fille. J’ai commencé à avoir « mal au monde ». Aucun mot n’existait pour ce que je ressentais. J’éprouvais une joie hors norme en devenant maman, et en même temps une souffrance immense pour les coups portés à la Terre, ma maison, pour la détresse humaine, ma famille, et la condamnation du futur.

J’ai pris ma part de souffrance pour le monde et j’ai avancé. J’ai avancé dans un monde qui, du jour au lendemain, m’apparaissait dans son absurdité, son irrationalité.

J’ai avancé, parce que s’enfermer dans la peur, consentir à la culpabilité, céder au désespoir, sont des affronts à la vie.

Je ne crois pas qu’on soit sur terre pour raser les murs, se gaver de burger aux hormones et zapper sur des dealers de haine.
J’ai avancé, parce qu’oeuvrer à l’alternative me rend vivante, créatrice, en joie et fière.

On était en 2001 je décide d’arrêter un début de carrière dans la publicité, métier qui fabriquait de l’obsolescence programmée du désir. Du désir passif pour reprendre la distinction de Spinoza : un faux désir, une construction culturelle, arbitraire, qui vous fait passer d’une frustration à une autre. On consomme, on console. Je précipitais la dépression. 2001 donc, je suis passé de la pub au développement durable, la RSE…

Dix ans plus tard, le mal au monde vient me rechercher. Je me rends compte que ma bifurcation ne se ressent absolument pas dans l’état du monde. Tous les signaux étaient au rouge, on continuait de foncer dans le mur.

Alors à deux doigts du burn’âme, je me suis arrêtée pour comprendre pourquoi…
Pourquoi nous agissons contre nos intérêts ? Et peut-on s’en sortir ?

Pendant des mois j’ai étudié, croisé, écrit : sur les freins au changement psychologiques, culturels, j’ai analysé les ressorts des grandes innovations. Plus tard j’ai cherché qui fait avancer l’Histoire, j’ai décortiqué la soumission à l’autorité, au conformisme, à la résignation. Puis j’ai sondé le nœud du problème une culture viriliste de compétition et de conquête. Et enfin je me suis intéressé à la fabrique de l’opinion, à l’influence des mots, des imaginaires et de la fiction sur nos réalités.

Il se trouve que toutes ces explorations convergent :
1- tout est encore possible (sinon je ne serai pas là , mais partie élever des brebis dans le Finistère),
et 2- la seule voie est l’utopie.

L’utopie est l’unique façon de changer le monde. Votre vie est peuplé d’utopies.

Sans utopistes le train n’existerait pas, nous n’aurions pas internet, pas la sécurité sociale, ni les congés payés, je n’aurais pas le droit de vote, je serais la propriété de mon mari, notre sucre serait encore taché du sang de l’esclavage du commerce triangulaire…

Tout , absolument tout ce qui nous paraît évident aujourd’hui, les innovations majeures, comme nos droits les plus légitimes, les plus beaux, au moment où ils étaient défendu était de pures utopies, des « trucs » qui n’existaient pas encore. Et pour beaucoup inconcevables.

Mais … une fois réalisées, elles perdent le droit de s’appeler utopies. Voilà l’arnaque.
Le péril est étymologique, l’utopie (u-topos) est ce qui n’a pas de lieu. Pas encore !

Qui pense que l’irréalisé est forcément irréalisable ?
Qui pense qu’on n’invente jamais rien ?

La condescendance à l’égard des utopistes est révélatrice. Elle révèle un manque de vision, d’audace, un manque de confiance en nous. Et peut-être la peur d’échouer ? Celle d’espérer ?

Pour imaginer, que l’ordinateur ira dans tous les foyers, quand les barons de l’époque prophétisent un marché d’une cinquantaine de produits, il faut être visionnaire.
Pour savoir que demain l’esclavage sera aboli, il faut être lucide, sur ce que devrait être l’humanité, et ce qu’elle ne devrait pas être.

L’utopiste est extra-lucide, il est capable de voir par delà le présent, de s’en extraire.

Ce que l’on appelle communément « Le » progrès est une ligne que l’on tire depuis le présent. Prenez la transition, le développement durable, la croissance verte, on part d’aujourd’hui pour faire « moins pire ».
C’est douloureux. On doit abandonner ses habitudes, ses croyances, trahir de vieilles loyautés, renier ce qu’on a toujours fait.

Etre utopiste c’est l’inverse. On part de ce que sera demain. On décide de ce qui est humainement souhaitable, et on agit en partant de ce futur idéal. La contrainte non négociable c’est l’arrivée pas le départ.
Pour se lancer dans une nouvelle histoire on a besoin d’une page blanche, de liberté de penser, et de désir, du vrai désir celui-là, cette puissance de vie qui pulvérise la peur et l’incertitude.

La vision convenue du progrès est en fait du « futur antérieur ». 3G, 4G, 5... 15G, le futur d’hier, linéaire.
Pourtant, le véritable progrès est fait de ruptures, d’impensés et d’improbables.

On na pas inventé l’ampoule à partir de la bougie.
On l’a inventé à partir de la lumière. Une utopie.

Avec l’utopie on est galvanisé par ce qu’on peut créer, gagner. Avec la « transition » on craint ce qu’on peut perdre. Et il y a beaucoup à perdre.

Fondamentalement notre modèle vit de la destruction du vivant, son fonctionnement, sa « rentabilité » en dépendent. Le vendeur de bougie n’inventera pas l’ampoule, pas fou.
Non, il fait des bougies vertes, des perfusions pour retenir, quoiqu’il en coute, un monde obsolète. Il s’accroche et ainsi maintient des règles qui sont défavorables au nouveau monde. Il entrave le futur .

Alors quand on vous dit, un brin méprisant : « oh toi tu veux le retour à la voiture à cheval » , posez vous la question : qui ne veut pas que cela change ?

Le contraire de l’utopie n’est pas le réalisme c’est le conservatisme.

L’utopie c’est partir de demain et c’est rêver grand, poser des objectifs radicaux. Pas: moins 15 % de polluants, non, zéro pollution. Radical, voilà un mot qui pique, mais sinon dites moi quelle serait la bonne proportion ? La proportion raisonnable ?

Vous imaginez les abolitionnistes réclamant un « esclavage responsable », ou « une transition esclavagiste ». On les réduit de combien les coups de fouet ? Par 4 ? On leur donne leur mercredis ? Jour des enfants ? C’est « raisonnable » ça ? …
C’est insensé.

L’humanité n’est pas négociable ! La dignité est forcément radicale. Tout comme la liberté, l’égalité, la vie.

Mais vous croyez qu’on fait quoi aujourd’hui ? La pollution de l’air ça se voit moins mais on en meurt prématurément : en France 48 000 à 60 000 décès par an. Alors on les réduit de combien les particules fines ? On s’autorise combien de morts, quel quota d’enfants asthmatiques pour dégâts collatéraux de notre cher modèle ?

Nous négocions sur la vie des gens.
Ce qui n’est pas vraiment négociable en revanche c’est notre modèle, nos usines et puis les idéologies qui les soutiennent. Pas touche !

Ce n’est pas parce que notre modèle est la norme qu’il est normal.
L’esclavage aussi était la norme. L’esclavage nous paraît indéfendable aujourd’hui. Et bien s’autoriser des morts par pollution, pour envoyer Elon sur Mars ou commander une pizza à l’IA, on en pensera quoi dans quelques années ? C’est injustifiable.

Aux antipodes des caprices de l’hubris, l’utopie fait germer de véritables innovations.

Pensez-vous que la machine à vapeur serait sortie des cartons si on n’avait pas du se passer intégralement des esclaves ? Non.
Et inversement. La machine à vapeur qui était dans les cartons a permis, précipité l’abolition de l’esclavage.

Des innovations utopistes il en existe beaucoup.
Un centre commercial au Zimbabwe régule l’air sans aucune climatisation. On sait faire des batteries sans lithium avec du sel, des combinaisons sans néoprène avec des coquilles d’huitre. Infomaniak sait réutiliser la déperdition de chaleur de ses serveurs pour chauffer un quartier de Zurich. On sait détecter le cancer de la prostate pas cher, sans intrusion, ni effet secondaires ni terres rares : avec l’odorat du chien...

On saurait vivre sans polluer…

Zéro pollution dans 10 ans vous paraît irréalisable ? C’est justement là l’intérêt.
Effectivement c’est irréalisable si on reste dans le cadre habituel. Pour tenter le zéro Il n’y a pas d’autre choix que de sortir totalement du cadre. Et là... un monde s’ouvre à vous : un monde sans procédure, ni formatage, ni censure. L’utopie libère l’inspiration. On décloisonne, on expérimente.

Et de fait, pour atteindre zéro pollution il existe plein de solutions dans les cartons. Mais sans cette ambition elles y resteront.
Tant que nous serons complaisants avec les effets désastreux de nos modes de vie, nous n’inventerons rien de fondamental.

Le futur nait dans la contestation du présent.
Rien de ce qui nous désole n’est inéluctable.

Imaginez-vous qu’il n’y avait pas de lobbies du temps du commerce triangulaire ? Tout le modèle économique de l'époque reposait sur l'esclavage. Pourtant il a été aboli, non sans allers retours et non sans autres formes aujourd’hui. Je n’ai pas dit que c’était simple, je suis utopiste, pas naïve.

De nos jours, en dépit des vendeurs de bougies qui veillent au grain, des utopistes gagnent leur pari. Parce que la radicalité de leur objectif galvanise leurs troupes et attire les grandes idées.

Radical vient de racine.

Ce qui, peut-être, semble violent dans la « radicalité », c’est qu’en allant à la racine des choses, elle nous rappelle l’essentiel. Elle nous parle de nos valeurs, de nos convictions profondes, de notre humanité, qui sont en désaccord avec le monde dans lequel nous vivons. Elle nous rappelle aussi notre pouvoir : l’imagination pour un infini de possibles.

Bien évidemment tout le monde a des valeurs et connait le génie humain. Alors pourquoi ces compromissions, ce conservatisme ?
Parce que tout un système de constructions culturelles et idéologiques nous en dissuade en prétendant 2 choses. D’abord il n’y aurait aucune alternative « heureuse » au modèle actuel, selon la fameuse phrase de Thatcher.

Et surtout, grosse couleuvre, votre sensibilité, qui est directement liée à votre humanité, serait une faiblesse. Ne l ‘écoutez pas !
S’indigner serait immature, et même hystérique si vous êtes une femme.
Réclamer la dignité, l’égalité mais quelle naïveté 

En haut de la pyramide des animaux à sang froids donnent le ton, ils méprisent la sensibilité, nous répétant que l’homme est un loup pour l’homme (et pour la femme), cultivant la séparation entre nous, justifiant la domination des uns sur les autres. Ce qui est fort commode.

A décréter que la sensibilité serait une faiblesse, on a fait de l’indifférence une gouvernance.

Pourtant la sensibilité est notre meilleure boussole. Nos colères, nos malaises, nos joies nous renseignent. Notre sensibilité, nous raisonne. Elle pose les limites que nous n’aurions jamais du franchir. C’est d’ailleurs ce qui fait la supériorité d’un être humain sur une IA le sens des limites.

Un utopiste est à l’écoute de sa sensibilité. Il fait confiance à ce que son corps, son coeur lui disent.

Il les suit, sinon il a l’impression de se trahir . Cédric Hérou, accusé de « délit de solidarité » pour sauver des migrants dans les montagnes, ne fait que cela, suivre l’évidence de ce qu’il ressent. Comme Simone Veil huée à l’hémicycle ou Claire Nouvian aujourd’hui.

L’utopiste choisit de s’écouter, peu importe le discours dominant.

C’est ce que nous racontent tous les Historien·es et psychologues qui ont étudié les Résistant·es, les Refusant·es et autres désobéissant·es et utopistes, celles et ceux qui sortent du rang et font mentir les pronostics.

Nous sommes tiraillé·es. Il y a d’un côté ce que commande l’autorité, le chef, les lois, ce que fait notre clan, la majorité. Et de l’autre il y a ce que nous dit notre intuition, notre sensibilité, elle n’est pas d’accord.

Les personnes qui vont être du bon côté de l’Histoire, sont toujours celles qui choisissent d’écouter leur voix intérieure plutôt que celle de l’autorité ou du conformisme.
Tandis qu’une immense majorité renonce à se faire confiance et font taire ce que leur boule au ventre leur dit.

Il faut une immense confiance en soi pour désobéir aux injonctions de son milieu, aux conventions de son époque, pour faire fi du fatalisme, et s’affranchir du regard des autres. Un utopiste désobéit à ce que l’on attend de lui, il sait qu’il sera en opposition avec l’opinion de la majorité et qu’elle lui en voudra pour ça. Mais il ou elle ne peut pas faire autrement.

L’Histoire avance depuis ces marges-là.
Jamais depuis le centre ou les gouvernements en place.

Ce qui ne fait plus débat des années plus tard, ce dont on se réjouit même, est accusé dans l’époque de « terrorisme .
Qui aujourd’hui douterait du combat des Suffragettes ? A l’époque elles n’étaient pas plus de 300 devant le Parlement Britannique et tout le monde leur crachait dessus.
Quant au Front populaire qui nous a amené les congés payés en 36, la majorité les considérait comme dangereux et déraisonnables.
On pourrait parler aussi des Résistant·es : Qui ne serait pas fier·e de pouvoir dire j’en étais. Seuls 2 à 3% pourrait le dire et tous les autres les percevraient comme des traitres à la nation.

Défendre la liberté hier ou s’attacher aux arbres aujourd’hui pour contrer une autoroute déclenche les mêmes rejets. Ces utopistes semblent nous dire quelque chose dans ce monde est insupportable et vous vous le supportez ? Ils et elles insinuent aussi ; nous ne pourrons pas compter sur les autorités pour nous protéger, il va falloir nous en occuper nous-mêmes.
Nos responsabilités sont convoquées, nos certitudes sont attaquées, le désordre est dans la rue, c’est fatiguant.

Alors dans notre immense majorité nous voyons ce que ces personnes dérangent, au lieu de regarder ce qu’elles défendent.

Dans ce que je vous ai raconté vous aurez noté, j’espère, une très bonne nouvelle. Le monde change avec une poignée d’individus. 5 % selon l’antropoloque Margaret Mead, 10 % dans d’autres études.

Voilà, comment cela va changer :
des individus singuliers, des causes différentes, des moyens d’action variés. Mais pas de plan. Personne ne sait ni quand, ni comment le damier va se retourner. Vous croyez que la chute du mur de Berlin avait été planifié ? Absolument pas.

Nous n’avons qu’une chose à faire : suivre nos élans, défendre nos utopies et avoir de la bienveillance pour ces autres causes qui nous touchent moins, que nous ne comprenons pas, pour ces gens qui nous dérangent. Laissons-leur le bénéfice du doute. Ils et elles sont peut être en train de défendre ce qui nous paraitra évident demain et nous réjouira. Et cela tombe bien on ne peut pas tout porter.

Nous oeuvrons à un endroit, eux à un autre.
On s’occupe chacun, chacune d’un bout de la maison, les uns pour les autres, en ordre dispersé, une grande famille.

Je terminerais avec le secret de l’utopiste.

Quelque chose nous est commun : l’espoir radical.

J’ajoute radical pour mettre cet espoir en opposition avec l’optimisme, qui lui se berce d’illusions et d’inaction.

L’utopiste a une foi absolue en la vie et en l’humanité. Aucune défaite ou mauvaise nouvelle n’entache son espoir. Quoi de plus subversif ?

La meilleure carte des tenants d’un monde délétère est notre résignation.
Et à vrai dire il est facile de la nourrir : prophétiser la victoire des idées fascistes, annoncer l’effondrement, décréter l’inéluctable de la violence … et passer sous silence tout le reste, qui est pourtant là.

L’espoir radical se niche partout.

Dans la beauté, la caresse du vent, les oiseaux qui reviennent
mais aussi dans la nouvelle présidente mexicaine ex membre du Giec et féministe, dans Le Vermont qui décide de faire payer les compagnies pétrolières pour les dommages climatiques, la forêt qui repousse en Afrique subsaharienne, le startuper australien qui rachète une mine de charbon pour la fermer et réorienter les ouvriers ; une héritière autrichienne qui donne 90 % de sa fortune soit 25 millions d’euros à 70 associations choisies par 50 citoyens tirés au sort…

L’utopiste sait qu’un mouvement de fond s’est mis en place. On ne se laisse pas impressionner et démotiver par l’agitation, l’écume en surface.

On ne sait pas comment, mais on sait que le monde changera
Nous avançons, concentré·es,
suspendu·es entre l’urgence et la patience, avec détermination et lâcher prise.

L’utopiste voit loin, au-delà de son pré carré.
Comme les bâtisseurs de cathédrale nous savons que peut-être nous ne verrons pas advenir nos utopies de notre vivant, mais nous savons, je sais, qu’elles adviendront, et que j’y aurais contribué.

Elles adviendront parce que nos utopies sont justes,
que nous sommes innombrables, une espèce incroyablement puissante.

Alors continuons d’avancer en lumiluttant (verbe d’action issu de lumière et de lutter)

Un texte de Sandrine Roudaut, autrice, éditrice, perspectiviste.

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